Jusqu’ici, Synology proposait des listes de disques durs « compatibles » pour ses NAS, mais la réalité était bien plus souple : en pratique, presque tous les disques fonctionnaient, même ceux non répertoriés. Une flexibilité appréciée, notamment par les utilisateurs soucieux de leur budget ou fidèles à d’autres marques comme Seagate, Western Digital ou Toshiba.

Mais dès cette année, cette époque touche à sa fin. La marque a confirmé que les nouveaux modèles de la série Plus n’accepteront plus que des disques certifiés, sous peine de perdre des fonctionnalités clés, voire d’essuyer des messages d’alerte désagréables à chaque démarrage.

Des fonctionnalités bloquées pour les non-certifiés

La liste des fonctionnalités désormais réservées aux disques Synology est significative. On parle de :

• la déduplication à l’échelle du volume

• l’analyse de la durée de vie des disques

• les mises à jour automatiques du firmware

Ces fonctions ne sont pas anodines : elles jouent un rôle central dans l’optimisation et la sécurité des données. Les retirer pour des raisons purement commerciales — car aucun obstacle technique réel ne les justifie — revient à punir les utilisateurs qui choisissent d’acheter ailleurs.

Une stratégie discutable sous couvert d'efficacité

Synology justifie ce durcissement par des arguments d’intégration : selon l’entreprise, un contrôle total de la chaîne matérielle permettrait de réduire les problèmes de compatibilité, améliorer la fiabilité et simplifier le support technique.

Certes, on peut concevoir que des disques testés et validés en interne limitent les risques. Mais ce raisonnement a ses limites. D'autres fabricants comme QNAP ou Asustor continuent de proposer une compatibilité large sans rencontrer de dérives majeures. Et il est difficile de ne pas voir dans cette décision une volonté de verrouiller l’utilisateur dans un écosystème fermé.

Les utilisateurs les plus expérimentés verront sans doute dans cette démarche une tendance bien connue dans le monde high-tech : celle du verrouillage propriétaire. Un modèle qui rappelle ce que l’on observe dans l’univers des imprimantes, avec les cartouches de marque obligatoires, ou chez Apple avec ses composants maison.

Ce type de stratégie a ses adeptes — souvent ceux qui cherchent une expérience “clé en main” — mais il risque de faire fuir une partie du public plus technophile, qui privilégie l’ouverture, le choix et la modularité. D’autant plus que Synology est régulièrement critiquée pour son manque d’innovation matérielle ces dernières années. Ce verrouillage pourrait être perçu comme un moyen détourné de renforcer sa marge, plus qu’un réel progrès technique.

Pour l’instant, une mesure limitée… mais jusqu’à quand ?

À noter tout de même : les anciens modèles ne sont pas concernés. Les NAS de la série Plus sortis jusqu’en 2024 continueront d’accepter tous types de disques, tout comme les séries Value et J. La migration de disques existants vers un nouveau NAS restera possible, mais Synology prévient déjà que des restrictions futures pourraient s’appliquer.

En bref

• À partir de 2025, seuls les disques Synology ou certifiés seront pleinement compatibles avec les nouveaux NAS de la série Plus.

• Certaines fonctions (déduplication, mises à jour firmware, analyse de santé) seront exclusives aux disques de la marque.

• Les modèles sortis avant 2025, ainsi que les séries J et Value, ne sont pas concernés pour le moment.

• Synology mise sur un écosystème fermé au nom de la performance, mais risque de froisser une partie de sa communauté fidèle.

• Aucune restriction n’est en vigueur chez les concurrents directs, qui conservent une approche plus ouverte.

En clair, si vous êtes attaché à votre liberté de choix, il pourrait être judicieux de faire des réserves… ou de regarder du côté de la concurrence.