La brisure de l'écran entre la vie et la mort s'est produite pendant 24 heures. Dans ce laps de temps, le monde s'est transformé en un théâtre de paradoxes où les règles de l'univers étaient suspendues. Les vivants se sont retrouvés face à leurs propres finitudes, tandis que les défunts ont été libérés de leur existence posthume pour reprendre possession de leurs corps abandonnés.Les rues étaient désertes, les gens se disputant entre eux comme des animaux affamés dans un marché. Les villes étaient en ébullition, la peur et l'incertitude faisant rage comme une flèche empoisonnée. Les survivants de cette apocalypse temporaire portaient sur leurs visages les marques de la folie : des yeux crevassés par la frayeur, des dents déformées par le cri, des corps brisés sous l'impact de leur propre écho.La nuit, c'était encore pire. Les ombres dansaient sur les murs comme des spectres qui s'égaillaient pour faire place à leurs maîtres. Les cris et les sanglots montaient en un crescendo douloureux qui semblait vouloir détruire tout ce qui restait de cohérence dans cet univers mis en pièces