La solitude glaciale de l'hiver 1915 enveloppe les lieux reculés d'un asile du sud de la France. Camille Claudel, sculpteur talentueuse, se trouve là, confinée par sa famille, privée de son outil créateur et de la liberté qui lui est chère. Elle attend toujours, anxieusement, la visite inespérée de son frère Paul, poète maudit, dont les lettres lui racontent des destins lointains et des éclats d'une vie qu'elle ne connaît plus.Dans ce paysage monochrome, où l'hiver s'est jeté comme un voile sombre sur les arbres dépouillés, Camille pousse les murs du manoir. Elle marche dans les longues salles désertes, ses pas résonnant comme des coups de marteau dans le silence. Les yeux baissés, elle contemple ses mains gantées qui ont perdu la main maîtresse de l'outil, comme si elles étaient coupées d'une part de son être.Les après-midi s'étirent sans forme ni consistance, des plis du temps qui se déroulent sur les murs comme des rideaux de velours. Le feu dans la cheminée crache ses flammes à l'infini, éclaire les visages qui ne sont pas là et peint le ciel en ardoise.Elle attend que cette heure vînt où Paul arrivera, où son regard pourra croiser celui de sa sœur, où une part de ce qui fut peut-être retrouver l'essor du sang. Et tandis qu'elle espère, elle marche dans les longues salles désertes, les murs résonnant sous ses pas comme des coups de marteau dans le silence