Il enseignait aux jeunes esprits les subtilités de l'histoire, mais sa pensée était un champ de bataille entre son dédain du monde et la fragilité qui le menaçait. Les journées s'écoulaient sous la lumière froide des amphithéâtres, sans que rien ne troublât le calme de ses lectures. Cependant, dans l'université où il enseignait, une présence éveilla en lui un sentiment qu'il croyait avoir perdu à jamais : la tendresse.L'étudiante qui suscitait cette réaction n'était pas une élève ordinaire. Sa vue s'attardait sur elle comme si les couleurs du monde venaient de se ranimer, et son regard se perdait dans ses yeux pour y trouver des reflets de mélancolie.Tout commença par un cours banal, mais les paroles qu'il prononçait furent teintées d'une inflexion nouvelle. Son ton, habituellement sec et critique, prit une nuance qui surprit même lui-même. Les mots qu'il choisissait pour expliquer les complexes mécanismes historiques se mélangeaient avec le désir de connaître mieux cette étudiante qui éveillait en lui des sentiments longtemps endormis.Cependant, la distance académique semblait un mur insurmontable entre eux. Le professeur s'interdisait d'envisager une relation, se persuadant qu'elle était à l'écart de son université, inaccessible comme les sommets inaccessibles qui recouvraient son cœur.Mais la chance joua en sa faveur, et un jour qui ressemblait à tous les autres vint déclencher une séquence d'événements dont il n'avait pas soupçonné l'existence. Un concours scolique où elle fut invitée à intervenir, lui donna la chance de l'y accompagner.Sur le chemin du retour, alors que la nuit commençait de tomber sur les villes silencieuses, il prit la main qu'elle tendait, sans penser, comme si un fil invisible l'attirait. Et là, dans cette étreinte qui n'était pas intentionnelle mais naturelle, se trouva l'événement.Le monde autour d'eux disparut. Rien que le cœur qui battait en deux et le besoin de savoir si c'était réel ou s'il était prisonnier de son imagination.La réalité vint ensuite, avec les mots qu'elle prononça dans la nuit claire : "Je t'aime." Cela fut comme l'éveil d'un monde nouveau