Pendant les années de silence et de solitude qui suivirent le tumulte des guerres, sur une île reculée dans la brumeuse lointaine du Nord-Est écossais, Aislin vécut comme un spectre dans l'ombre glacée d'un désert sauvage. Son mari, Balor, un pasteur dévot dont les émotions s'enflammaient comme des tempêtes au sein de ses yeux noirs, la protégeait de son amour possessif et jaloux en lui enseignant à se réfugier dans l'extase contemplative que procure la beauté sévère des paysages déserts qui entouraient leur refuge. Alors que les villageois, effrayés par le vent glacial du changement, abandonnaient cette terre isolée, le couple accueillit un jeune vagabond de Glasgow, que l'œuvre charnelle d'une fondation caritative avait déposé dans leurs bras sans trop y réfléchir. La première réaction de Balor fut une haine implacable qui se consuma en lui comme un feu ardent, mais Aislin, attirée par les yeux du jeune homme, commença à entrevoir l'ombre d'un printemps derrière la fumée grise des années oubliées